Il était une fois dans l'Ouest : la montée vers Crater Lake

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À la fin du précédent article, nous vous avions laissé à la sortie des gorges du fleuve Columbia, à la frontière entre l’état de Wahington et celui d’Oregon. Rendus à la ville de The Dalles, nous avions alors deux possibilités : revenir sur nos pas pour rejoindre la côte Ouest, son climat doux et l’océan ; ou bien nous enfoncer pour plusieurs centaines de kilomètres sur le versant Est des Cascade Mountains, en direction de Crater Lake, dans un paysage désertique, aride, escarpé et froid. Nous avons bien sûr choisi la seconde solution ! Chemin faisant, nous avions récolté des informations sur ce qui nous attendait. Plusieurs personnes nous avaient mises en garde sur la difficulté du dénivelé, mais surtout sur les conditions climatiques : le bruit courait que la neige était déjà arrivée à Crater Lake et dans ses environs et qu’il gelait le jour. Mais l’envie de voir ce site a été la plus forte et nous avons décidé de tenter notre chance.

À The Dalles, nous étions à 30 mètres d’altitude et Crater Lake, à plusieurs vallées de là, se trouve à plus de 2 000 mètres. Plusieurs belles montées nous attendaient donc. Nous avons commencé la première grosse journée en partant de Dufur, après une journée de repos. Cette toute petite ville, une des plus vieilles communautés fermières d’Oregon, paraît un peu improbable, coincée dans un petit vallon au milieu de rien. En partant de là, nous avons pédalé plein Sud, vers notre première passe1 en altitude. Le paysage était magnifique, désert, parsemé çà et là de quelques immenses fermes. Jusqu’à la passe (900 m d’altitude), la montée a été longue mais assez douce, la route s’élevait petit à petit au milieu des collines. Arrivés en haut, nous avons été émerveillés par le paysage que nous avons découvert : à perte de vue s’étendaient devant nous de hauts plateaux sillonnés de profonds canyons. Il ne manquait plus que John Wayne sur son cheval, un air d’harmonica en fond, et ça y est, nous étions enfin dans le Wild Wild West !

Le soir, nous avons pu poser notre tente à Maupin, dans le jardin de Richard, professeur de musique à la retraite, un peu seul et très bavard. Nous avons eu le plaisir de discuter avec lui une bonne partie de la soirée. Photographe amateur, Richard nous a offert de très jolies cartes postales qu’il a publié.

Le lendemain, nous sommes partis du fond du canyon de Maupin pour une nouvelle grosse journée : 80 kilomètres avec une première passe à 1 100 mètres d’altitude. Levés à 6 heure du matin, nous avons commencé par 3 heures et demi de montée (30 kilomètres) sans la moindre interruption. La montée était spécialement difficile : nous évoluions plus à travers un paysage de collines que de montagnes, et pourtant l’altitude ne cessait d’augmenter. Et comme la veille, on ne voyait jamais au-delà de la colline suivante, ce qui nous empêchait d’en voir la fin. On aurait bien aimé trouver les masseurs du tour de France au sommet ! Malgré l’effort, cette journée a été splendide : le paysage complètement désertique sur des dizaines de kilomètres étaient très impressionnants. Cette route étant très peu passante, l’impression de solitude était encore plus grande. Nous avons même eu droit à la compagnie d’un coyote (notre premier et sûrement pas le dernier) qui a trottiné derrière les vélos pendant quelques minutes.

Après une fin de journée sous la pluie, nous avons été accueillis par Marc, sa femme et leurs cinq enfants. En plus d’une bonne douche chaude, d’un bout de jardin pour la tente, et d’un accueil très chaleureux, ils nous ont offert le dîner ! Les enfants, très curieux, n’ont cessé de nous poser des questions, c’était très sympa. Merci à eux !!!

Jusqu’à la ville de Bend, la route est devenue moins sauvage et plus fréquentée, donc un peu moins chouette à faire en vélo. Une nouvelle fois, la haute plaine que nous avons traversé était déchirée par un canyon très impressionnant. Il a ralenti la colonisation des territoires au-delà jusqu’en 1910 (!!!), date à laquelle le premier pont l’enjambant a été construit. C’est dire si l’histoire de la région est récente !

Comme on nous l’avait promis, ici on saute directement de l’été à l’hiver ! Alors qu’une semaine auparavant nous roulions en T-shirt et sandales, à Bend, il nous a fallu sortir gants, bonnets et autres vêtements d’hiver : il a gelé dès notre première nuit là-bas. Les vêtements que nous avions lavé et mis à sécher dehors pendant la nuit sont devenus rigides comme du carton ! Les vélos étaient recouverts du givre et nous avons dû petit-déjeuner dans les duvets… Il faisait 1°C dans la tente au réveil. C’est froid.


  1. résultat de l’immersion dans ce pays anglophone, nous avons utilisé cet anglicisme sigifiant col dans toutes nos pages sans même nous en rendre compte ↩︎

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