Objectif Titicaca

Featured image of post Objectif Titicaca

Après ce passage dans la région de Cusco, nous sommes remontés à bloc pour atteindre le lac Titicaca, notre prochain objectif. Nous quittons donc Pisac et la Vallée Sacrée le 27 septembre, nostalgique de quitter cette si tranquille et si douce vallée, mais heureux de poursuivre notre route vers le sud et d’autres aventures !

Nous continuons tant que possible sur la petite route de ripio, jusqu’à San Salvador. Depuis le départ de Pisac, nous notons une très nette différence dans les villages par rapport à ceux traversés par les tours operators au sein de la Vallée Sacrée. Une fois sortis de la zone touristique, les déchets refont malheureusement leur apparition sur le bord de la route et on sent que le budget est moindre pour l’aménagement de la chaussée. Nous nous arrêtons pour déjeuner à San Salvador, en face du mercado central, très peu achalandé en fruits et légumes mais plein de petits stands qui vendent tous de la chicha, boisson de maïs fermenté, dans des bouteilles plastique de récupération. On se demande un peu comment font pour vivre ces petits vendeurs qui offrent tous strictement la même chose dans un espace de quelques mètres carrés… Le soir, nous nous arrêtons assez tôt après avoir parcouru 33 kilomètres. Cela nous permet de faire les leçons au soleil avant que le frais n’arrive. Nous montons les tentes devant une magnifique hacienda à l’entrée du petit village de Huallarpampa. La demeure est magnifique, nous essayons de toquer à la porte, il doit y avoir quelqu’un puisse qu’il y a un chien… Mais personne ne répond. Peu importe, le terrain devant est plat et herbeux, nous ne gênerons personne, c’est parfait. Nous installons les tente à moins de 2 mètres de rails de chemin de fer abandonnés. Enfin, c’est ce que nous pensions jusqu’à ce que passe le train qui relie Puno à Cusco ! Il est d’ailleurs précédé de quelques minutes par une petite voiturette sur rail, afin de vérifier qu’il n’y ait pas d’obstacle sur la voie. Nous sommes un peu près, mais ouf ! Ce train ne passe qu’une fois par jour, nous ne serons pas beaucoup dérangés !

Le lendemain matin, après un “délicieux” petit-déjeuner à base d’avoine bouillie, nous nous apprêtons à partir quand un homme sort de la demeure du terrain sur lequel nous sommes. Il se dirige vers nous et nous demande directement : « Ça fait longtemps que vous êtes ici ?? ». On ne sait pas trop quel est le but de sa question, petit moment de flottement… On lui avoue qu’on a passé la nuit ici, et il nous dit :“Ah mais c’est trop dommage !! Je suis rentré d’une fête hier, j’étais complètement bourré, coincé au fond de mon lit par une violente gueule de bois, je ne vous ai même pas entendu ! C’est trop bête, je vous aurais invité avec plaisir à dormir à l’intérieur, c’est plein de chambres vides !”. Dommage en effet !

Ce même jour, nous retrouvons la route principale qui relie Cusco et Puno. Le trafic s’intensifie mais reste correct. Le paysage est toujours aussi joli. Nous restons dans une vallée très tranquille, avec beaucoup de paysages agricoles et des paysans qui travaillent la terre de façon assez artisanale. Ça monte et ça descend, mais nous réussissons à faire 41 km avant de se trouver un terrain de foot pour bivouaquer dans le village de Quiquijana. Le lieu n’est pas à proprement parler idyllique, mais c’est plat, c’est calme, nous avons l’eau de la rivière juste à côté (à filtrer bien sûr), et nous avons la visite de trois jeunes garçons très curieux qu’Olivier s’empresse d’épater grâce à quelques tours de magie qu’il commence à maîtriser.

Les deux jours suivant sont vite avalés : les enfants sont ultra-motivés par l’objectif à venir : les thermes d’Aguas Calientes ! La route monte de plus en plus, mais le paysage est vraiment beau. Nous circulons dans une large vallée avec en toile de fond les sommets enneigés. Il y a de fermes partout et pas mal de pêcheurs au filet au bord la rivière. Le jour de notre arrivée à Aguas Calientes, nous avons déjà parcouru 30 km avant la pause déjeuner et avons atteint ce qui était sencé être notre objectif du jour : Sicuani. Il nous reste encore 30 km de montée jusqu’à Aguas Calientes, les nuages s’amoncellent, la pluie démarre… Peu importe, les enfants sont chauds, c’est reparti ! La route est en très mauvais état, la bande d’arrêt d’urgence toute lézardée, ça tape les fesses. La pente se fait de plus en plus forte, la vallée se rétrécit, les arbres se clairsèment, on voit de plus en plus de gens avec une boule de coca à mâcher dans la bouche. Puis, enfin, au terme d’une longue journée, nous arrivons aux thermes !

Nous pourrions camper sur le site même, mais les nuages très bas et les orages nocturnes des nuits précédentes nous motivent à prendre une chambre au confort disons… spartiate. Nous ne regretterons pas notre décision car il y aura un vrai déluge pendant des heures. Enfin, alors que le froid commence à être piquant à l’extérieur, nous nous plongeons avec délice dans les eaux chaudes des piscines !

Nous restons faire une journée « cure thermale » à Aguas Calientes (avec bien sûr une matinée leçons pour le plus grand plaisir des enfants). Le temps n’est vraiment pas au beau, mais cela ne nous empêche pas de profiter des différentes piscines aux eaux chauffées naturellement. Parfois, une petite éclaircie nous permet de profiter de la vue sur les sommets enneigés qui nous entourent.

Puis, le lendemain matin, nous reprenons la route vers le sud-est, en passant par le col de la Raya, qui nous permet de changer radicalement de décor en entrant sur l’altiplano. Nous sommes maintenant à environ 4000 mètres d’altitude mais le paysage est radicalement plus plat et plus aride. Aux cultures agricoles succède l’élevage bovin et ovin. C’est beaucoup moins densément peuplé et les différents villages sont souvent séparés par de grandes lignes droites. Nous passons différentes villes et villages. Sur le plat, notre vitesse de progression augmente de façon significative : les enfants sont capables de faire 60 kilomètres par jour.

Après Ayaviri, sur les conseils de notre futur hôte de Juliaca, nous quittons la route principale pour aller explorer le canyon de Tinajani. Nous avançons vraiment comme des escargots, nous musardons à droite et à gauche au gré de nos envies et des conseils que l’on nous donne. Mais c’est tellement bien ! De cette façon, on profite vraiment, et s’il faut mettre le turbo en prenant un bus pour « rattraper notre retard » par rapport à la bonne saison, tant pis ! Nous nous engageons donc sur une piste en assez mauvais état. C’est l’occasion pour les enfants de découvrir le phénomène dit de « tôle ondulée », un grand classique de la région (au sens large puisqu’on en trouve en fait un peu partout dans le monde).

Au bout d’une quinzaine de kilomètres, presque au détour d’un virage, apparaissent des falaises et formations rocheuses étonnantes. Nous nous installons sur le terrain d’un couple qui vit ici depuis des dizaines d’années et reçoit des campeurs, au beau milieu du canyon. La vue est incroyable !! Nous profitons tout l’après-midi du lieu, allons nous balader, les enfants passent des heures à faire des mélanges de boue, d’herbes et d’eau pour « faire des expériences ». L’ambiance est tellement paisible, nous n’avons pas le cœur à faire des leçons aujourd’hui. Le soir, nous briefons bien les enfants : s’ils doivent se lever cette nuit, qu’ils nous préviennent. Un puma vit de l’autre côté de la rivière, les gens d’ici rentrent leurs bêtes à l’abri la nuit pour éviter qu’elles ne se fassent croquer. On va rester prudent !

Le lendemain, pour ressortir du canyon et poursuivre vers Juliaca, il aurait fallu continuer vers le fond du canyon et monter via cette mauvaise piste jusqu’à 4600 mètres sur une forte pente… Le projet était déjà assez ambitieux en soi, mais Marie a le dos en compote depuis plusieurs jours. On se dit donc que ce n’est pas envisageable et on tente le stop. Au bout d’une heure et demi, il faut se rendre à l’évidence : personne ne passera aujourd’hui ! Tant pis, on rebrousse chemin, on prend une petite piste qui n’apparaît même pas sur les cartes et qui nous permet de faire un petit raccourci pour retrouver la route principale.

Nous avalons les 100 km restants jusqu’à Juliaca en deux jours, sur le plat ça va décidément beaucoup plus vite ! Ce ne sont pas les kilomètres les plus intéressants : le paysage est plus monotone, la route est une grande ligne droite, le trafic s’intensifie. Sur les conseils de Geovani, qui va nous accueillir à Juliaca, nous faisons le détour par Lampa, ce qui nous permet de rentrer dans la ville par un axe secondaire. Mais cela ne nous évite pas une entrée dans la ville pour le moins chaotique : la route est dans un état catastrophique, c’est poussiéreux, c’est sale. Il n’y a pas seulement « quelques nids de poule ». Pendant 4 ou 5 kilomètres, nous avons l’impression de rouler sur une maquette du champ de bataille de Verdun à échelle réduite tant les trous sont nombreux. Il faut bien s’accrocher à nos guidons pour tenir jusqu’au centre-ville ! Heureusement, nous finissons par atteindre une oasis pour cyclo-voyageurs : la Casa de ciclista de Juliaca. Nous y sommes reçus comme à la maison par Geovani, qui, depuis qu’il a ouvert sa maison en 2014, a accueilli environ 1800 cyclo-voyageurs. C’est vraiment un endroit génial ! Nous y sommes depuis plusieurs jours, le temps de faire une (très) grosse machine de vêtements, de prendre le temps de nous reposer, et de faire nos plans pour la suite. La météo tourne un peu au vinaigre, nous allons peut-être devoir modifier nos projets pour les semaines à venir.

Mais ça, c’est pour un autre épisode !

Généré avec Hugo
Thème Stack conçu par Jimmy