Après une semaine aux États-Unis, nous prenons enfin le clavier pour vous tenir au courant de nos premiers tours de roues sur le continent américain. Nous avons peut-être été un peu longs mais il a fallu prendre le temps de nous habituer à ce nouveau mode de vie. Nous sommes d’ailleurs encore en période de rodage, autant du corps que de l’esprit pour quelques semaines encore. Nous sommes assez satisfaits de notre première semaine, même s’il faut en permanence se forcer à ne pas forcer sur l’organisme. Histoire de ne pas se faire de claquage au bout de deux semaines par exemple… Nous avons déjà parcouru plus de 300 km, dont 90 dimanche avec beaucoup (plus que prévu) de dénivelé positif, ce qui rétrospectivement n’était pas très raisonnable. Mais pour ceux que ça inquiétait, nos petites fesses vont bien, merci !
On pourrait résumer le début de notre voyage par deux mots : accueil formidable. Nous ne comptons plus le nombre de personnes qui veulent spontanément nous aider à nous orienter, à trouver de quoi manger, un lieu pour dormir, etc. Rolf, à l’aéroport, nous a aidé à trouver un lieu pas cher pour dormir et est parti en disant Dommage que vous n’alliez pas vers le nord, sinon vous auriez pu planter la tente dans le jardin. Leo, à Morton, a passé 1/4h au téléphone avec les Rangers du Comté pour s’assurer que la route que nous empruntions n’était pas dangereuse à vélo, etc, etc. Aujourd’hui même, le temps d’acheter deux pêches et un brugnon, on nous a : offert les courses, offert des barres de céréales et invité à dîner et dormir chez des gens.
Beaucoup d’autres, curieux, nous interpellent pour savoir d’où nous venons et où nous allons. À nos réponses, c’est à chaque fois un petit plaisir, les réactions sont très variées (mais toutes véridiques) :
L’incrédule :
– You kidding me ?! (Vous rigolez ?!)
le surpris :
– Meeeeeeeeeeen ! You’re crazy. (Meeeeeeecs ! vous êtes fous)
le blasé :
– You now, I acrossed USA five times during the 70’s. (Vous savez, j’ai traversé cinq fois les USA pendant les années 70)
le collégien :
– Argentina ? But I don’t know where is it… hahaha. (L’Argentine ? Mais je ne sais pas où c’est… )
le croyant :
– God. Ok, let’s prey now. (Ho mon Dieu. Bien, prions maintenant)
et enfin le classique :
– Wow ! Nice trip guys. Take care. (Waow ! Voyage sympa. Faites attention)
Après notre première nuit en territoire américain, n’ayant pas eu de nouvelles de notre contact à Seattle, nous avons décidé de commencer notre route vers le sud. Grâce à warmshower, un site internet d’entraide entre cyclotouristes, et au réseau wifi de l’aéroport, nous avons pu prendre contact avec un couple résidant à Tacoma. Après quelques courses de ravitaillement, premier choc culturel, nous avons mis le cap sur Tacoma.
Jason et Liliane nous ont accueilli comme des rois dans leur immense appartement surplombant le port de Tacoma. Ensemble, nous avons pu parler cyclotourisme, puisqu’eux même ont récemment traversé une partie des USA en tandem lors de leur voyage de noces. Liliane travaillant dans un Frozen Yogurt, ils nous ont emmené prendre le désert dans cet établissement pour en découvrir le principe. Il s’agit d’un self-service. On commence par mettre au fond d’un bol de la taille choisie un assortiment de glaces à l’italienne. On recouvre alors de morceaux de fruits frais, de chocolats, de bonbons, de tartes maison et autres sucreries. Payez au kilo, mangez et recyclez vos pots. So American. Miam miam.
Après une deuxième bonne nuit de sommeil, il faut bien ça pour absorber 9h de décalage, nous avons pris la direction d’Eatonville, pour continuer vers le sud sans emprunter les grandes routes, et afin d’approcher le Mont Rainier. Le soleil a continué de se montrer très généreux durant cette journée et nous avons eu plaisir à enfin nous éloigner des grandes villes et de leurs artères bruyantes et encombrées. Dès l’après-midi nous étions rendus en montagne, un vrai plaisir ! Nous sommes arrivés dans la toute petite ville d’Eatonville sans savoir où dormir. Au hasard d’une rue, nous avons trouvé un jardin rempli de vélos : nous avons donc tenté notre chance et frappé à la porte. Allan et Laura nous ont ouvert la porte de leur maison en grand, c’était super ! Nous avons pu mettre la tente dans le jardin, avons été invité à dîner, avons papoté et regardé un film avec eux. Le lendemain, nous avons pu nous doucher et prendre le petit déjeuner. Tout ça on ne peut plus spontanément. Thank you so much Allan and Laura !
Les jours suivants, la route a été bonne, nous avons bien roulé. Nous avons essayé différents campings dans des parcs nationaux. La route était jolie, tantôt en forêt, tantôt au bord de grands lacs. Nous avons avancé en contournant le Mont St Helens par l’Ouest, magnifique volcan dont l’éruption de 1980 a fait exploser le sommet.
Nous nous apprêtons maintenant à sortir de l’état de Washington, pour entrer en Oregon, en passant par les gorges du fleuve Colombia, frontière entre les deux états. La pluie a commencé à pointer le bout de son nez : nous avons pédalé dimanche non plus à contre-vent mais à contre-courant. Mais on nous a promis plus de soleil en descendant vers le Sud. Ça tombe plutôt bien, c’est ce que nous faisons !