"Colombia, el riesgo es que te quieras quedar"
"Colombia : le risque, c'est que tu veuilles rester". Voilà le slogan prometteur de l'Office National de Tourisme colombien. Tout de suite, nous y avons accroché. Il faut quand même oser utiliser cette phrase pour appâter le touriste sceptique sur l'intérêt d'aller faire un tour en Colombie. Lorsque l'on pense "beau voyage", on associe rarement l'idée à ce pays d'Amérique du Sud. Grave erreur ! Nous-même avions été les premiers à nous laisser berner, et devions initialement sauter directement du Panama à l'Équateur. Eh bien, nous aurions loupé une belle tranche de beau voyage ! Alors qu'est-ce qui nous a décidé à faire cette étape ? La quantité impressionnante de voyageurs à pied, vélo, motorisés ou non, qui nous ont parlé en bien de la Colombie. Il s'agit même de l'unique pays qui fait l'unanimité chez les touristes et voyageurs en tous genres, du moins pour l'Amérique du Sud. Malgré les "protestations" des parents, nous avons donc décidé de faire ce petit "détour" imprévu.
Le 1er juin, c'est avec une certaine appréhension que nous avons posé nos roues à Carthagena de las Indias, LA ville touristique colombienne par excellence, changeants de continent par la même occasion et marquants un peu la "moitié" du voyage. Un peu émouvant quand même... ! Histoire de prendre contact avec ce nouveau pays (et aussi de se reposer un peu de cette traversée en bateau un peu fatigante), nous sommes restés quelques jours dans cette superbe ville, classée au Patrimoine Mondial de l'UNESCO.
Située en bord de mer, la vieille ville est entourée de remparts et recèle de bâtiments absolument magnifiques. Grâce aux aides de l'UNESCO, elle est incroyablement bien préservée, et donne vraiment envie de flâner des heures durant dans ses rues animées. Contrastant avec toutes nos peurs à propos de la Colombie, Carthagena est la ville touristique la plus belle et la plus sûre que nous ayons vu depuis le Mexique. Au programme, balades, repos, écriture d'article (celui sur le Panama) et bien sûr : la préparation du trajet pour les semaines à venir. Avec une "contrainte" : la venue de Claire et FX, respectivement sœur de Marie et frère d'Olivier, début juillet en Équateur. Et donc seulement un mois pour parcourir plus de 1700 kilomètres et entamer la montée dans les Andes. Oups ! C'est-à-dire très peu...
Nous avons donc pris un bus jusqu'à Medellin, ce qui nous a permis au passage d'éviter la grande, morne, chaude et humide plaine côtière du Nord. Il a fallu quinze heures pour faire 600 kilomètres, dans un bus glacé par la climatisation à fond, et super bruyant à cause du volume sonore élevé de la télé, diffusant des films de guerre en boucle. Le super pied ! Arrivés à Medellin, changement d'ambiance : bienvenue dans une ville moderne ! Fini les vieux bâtiments et place aux building ! Nous avons été accueillis par Javier, Claudia et leurs trois enfants, dans leur belle maison des quartiers chics (très chics même). Nous avons donc eu tout le temps de profiter de cette curieuse ville, s'étirant tout en longueur au fond de sa vallée haut-perchée.
Medellin, tout comme Cali, a été le théâtre des heures les plus sombres de l'histoire récente de la Colombie. Du temps de Pablo Escobar, chef de cartel de la drogue sur-puissant (il aurait amassé 40 milliards de dollars pendant sa "carrière"), elle a subi de plein fouet le terrorisme et la peur. Depuis, les temps ont bien changé, l'état a réussi à reprendre le dessus, et Medellin est maintenant une grande ville semblable à toute métropole du monde, avec un métro moderne et des bouchons. Cette période noire a laissé des traces indélébiles : une série télévisée sur la vie de Pablo Escobar est actuellement diffusé sur une chaîne nationale, on sent que son accueil est plutôt mitigé. Les gens la critiquent, jugeant que c'est encore trop récent dans la mémoire collective, mais les mêmes personnes restent scotchées à leur écran au moment de la diffusion. D'ailleurs, à Cali et dans sa province, il est toujours interdit à deux hommes de monter ensemble à moto : c'était le moyens d'action privilégié des tueurs des cartels. Mais jamais nous n'avons senti d'insécurité. Nous avons goûté avec plaisir les premiers plats colombiens, et avons découverts avec joie que les colombiens sont de grands fans de jus de fruits frais. Miam !
En cumulé, entre le stand-by au Panama, la traversée en bateau, le tourisme à Carthagena puis Medellin, nous avons passé deux semaines et demi sans monter sur nos vélos. Autant vous dire que la "reprise" a été difficile, surtout qu'à la sortie de Medellin nous attendait un dénivelé positif de 1000 mètres à engloutir en 25 kilomètres. Dur dur ! Le genre de moment où on se dit : "Ça y est, on est dans les Andes, on va prendre très cher !". Mais très vite, le paysage est devenu vraiment beau : montagnes, ciels bleus, cols, nous sommes rentrés dans une zone de culture de café très tranquille. Ça pousse à toujours aller voir ce qu'il y a de l'autre côté du virage. Et puis, la grande majorité des colombiens est tout simplement adorable. On ne compte plus les encouragements, les petits cadeaux (petits gâteaux, jus de fruits...), les coups de klaxon enthousiastes. Presque autant que du football, ils sont fans de cyclisme. Nous n'arrêtons pas de croiser des équipes de cyclistes, professionnels ou amateurs. Du coup, le petit plus, c'est qu'ici les voitures qui nous doublent nous indiquent même le kilométrage qu'il nous reste jusqu'à la fin de la montée. Quitte à raccourcir sérieusement la réalité pour nous faire plaisir, ce qui rend l'arrivée au sommet encore plus longue ! Les petits villages que nous traversons sont en général très tranquilles et agréables. Le premier a été Santa Barbara, petit bled s'étalant paresseusement le long d'une crête, dévoilant des vues magnifiques sur les vallées de part et d'autres.
Après quelques belles montées et descentes, nous avons atteint la plaine située entre les Cordillières Centrale et Occidentale. Un bon contraste : fini le café, place à la canne à sucre et au chargements de camions monstrueux ; fini les côtes, à nous le plat pour quelques jours de répit. Avant d'arriver à Cali, située au Sud de cette vallée, nous avons traversé de nombreux petits villages, avec toujours autant d'enthousiasme de la part des gens que nous croisions. Nous avons même fait une rencontre vraiment inattendue, au fin fond de la cambrousse : un colombien ayant habité et travaillé à Saint-Malo intra-muros et qui nous a chanté, le plus naturellement de monde, "J'entends le loup, le renard et la belette" !!!
Notre séjour à Cali, grandement été facilité par Dolly qui nous a hébergé, a duré quelques petites journées. Cali est une ville assez peu touristique, pas de centre ville vraiment remarquable. Ce séjour aura plutôt été, disons, gastronomique ! Car à côté de chez Dolly, il y avait un... Carrefour ! Qui dit Carrefour, dit produits français. Peut-être la première fois que nous étions contents d'être dans un supermarché depuis le début du voyage. Au menu de ces quelques journées : crêpes (évidemment), museau, bleu, baguette. Les petits plaisirs simples des papilles gustatives. Sans compter les spécialités locales : cholado (mélange de fruits et de glace), pan de bono (petits pains au fromage), et les kumis (sorte de yaourt bulgares, un vrai délice après des mois à manger des yaourts au goût chimique). Juste de quoi faire le plein de calories !!
Nous avons ensuite filé en direction de Popayan : fini la plaine, re-bonjour les montagnes ! Encore de belles rencontres : un colombien à vélo, remontant d'Ushuaïa avec un vélo tout bringuebalant, Yasser, un palestinien d'origine italienne réfugié en Colombie... En rentrant dans les montagnes, nous avons été surpris de déjà trouver la culture andine telle que nous nous la représentions, avec notamment l'apparition de la patate, des camions surchargés et du petit chapeau melon, porté aussi bien par les hommes que par les femmes. Une super surprise et déjà une culture indigène andine très forte dans certains villages ! Arrivés à Popayan, deux choix s'offraient à nous : soit continuer plein sud par la panaméricaine, route plus simple mais avec beaucoup plus de trafic ; soit par San Agustin, de l'autre côté des montagnes, en faisant un bon gros détour, mais au moins en passant par des routes bien plus tranquilles, bien que pas toujours très carrossables.
Nous avons choisi la seconde option. Et tant mieux ! Toujours pour des raisons de timing, nous avons préféré prendre un mini-bus pour rallier Popayan à San Agustin. La route est magnifique sur ce tronçon, mais accuse un dénivelé vraiment trop important sur une piste criblée de nids de poule : nous n'aurions pas eu le temps de tout faire. Le trajet en moyen motorisé nous a déjà pris 5 heures pour 120 kilomètres. Du bonheur !!! Mais au moins nous étions à San Agustin, elle aussi classée au Patrimoine Mondial de l'UNESCO pour ses sites archéologiques. Et quel pied ! Cette petite bourgade, perchée entre les montagnes, est absolument magnifique, plantée dans un décor splendide. Si vous allez en Colombie, il faut passer par là ! Dans 20 ans ce sera sans doute bien différent. Le village n'est pas encore abîmé par le tourisme de masse et semble encore garder son âme intacte. L'ambiance y est posée, nous avions juste envie de nous asseoir et de profiter du spectacle des passants.
Encore un coup de chance, nous sommes arrivés au début des fêtes patronales de San Pedro, qui donne lieu à des cavalcades de "cow-boys" locaux à travers les rues de la ville. Un vrai spectacle ! Du coup, ça nous a donné envie de monter à cheval. Nous nous sommes offert une jolie balade, sur une selle un peu différente, pour aller visiter quelques sites archéologiques dans les montagnes. Du pur bonheur ! Une très très belle étape, couronnée par la présence d'une pâtisserie française, une vraie ! où nous avons pu manger nos premiers vrais bons éclairs au chocolat depuis notre départ de France.
Vous l'aurez compris, la Colombie est donc à des années-lumière de la réputation qu'elle a malheureusement en France. Tous les problèmes ne sont pas réglés pour autant, il ne faut pas l'oublier. La guerilla existe encore, comme le trafic de drogue et la corruption. Certaines zones sont encore peu recommandables. Mais la Colombie est maintenant sûrement beaucoup moins dangereuse que certains pays d'Amérique Centrale. Contrairement au Salvador par exemple, où les gens désertaient les rues dès la tombée de la nuit, partout en Colombie les rues sont animées même le soir. Des femmes, des enfants marchent seuls, et nous nous sentons bien. La très grande majorité des colombiens est adorable, certains nous expriment la peine qu'ils ont à savoir la réputation dont souffre leur pays à l'étranger. Les paysages sont superbes. Bref, nous nous demandons qui sont ces gens qui font les "Recommandations aux touristes" sur le site internet de la diplomatie française, et qui ne correspondent absolument pas à la réalité du pays. Ont-ils déjà même posé le pays en Amérique du Sud ?? Nous en tout cas, on aime la Colombie, et on vous recommande de le visiter avant que l'industrie du tourisme s'y intéresse de trop près !
Nous sommes actuellement à Mocoa. Nous reprenons la route demain en direction de Pasto, sur une piste défoncée, qui va nous faire avaler près de 5000 mètres de dénivelé en 150 kilomètres. Autant vous dire qu'on fait pas trop trop les malins. Mais ça va être incroyable ! Après ça, direction Quito pour rejoindre les frangins et passer deux supers semaines avec eux. À bientôt donc pour de nouvelles aventures sud-américaines, à vous les studios !!!
Commentaires (7)
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Monique
Heureuse que tout se soit si bien passé en Colombie! Courage, L'Equateur est au bout de la route...
Grosses bises. -
Jimmy
Stylééééééé!!!!!!
Je vois que c'est toujours autant le pied, enfin, la pédale, enfin, ce n'est pas pour toi Olivier!!! Ça c'est la vie!!
Chez nous le bateau est quasi prêt, on a fait les premiers essais et ça marche du tonnerre! On vous installera des pédalos pour que vous ne perdiez pas la main, enfin le pied, enfin la pédale... ho et puis zut...
Patagonie, nous voici...
A bientôt! -
clairette
trop beau !!!! a dans une semaine les loulous
bisous -
Jean Paul
Grands chanceux....
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Borius
Quoi dire... simplement fière de mon pays et fière d'être Colombienne!!! Quelle belle aventure. Bisses.
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Victoire Baigts
un risque qui en valait la chandelle ! as usual vous nous faites rêver avec vos photos vos écrits..vous êtes tops continuez ainsi !!
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caro
ça me fait très plaisir de voir vos photos de mon pays!!! je suis contente vous avez aimer tous ce qui vous êtes vecu lá! Très belles photo!!! je suis jelouse hahaha
il faut dire oliv que pour les merveilleux gens tu savez un petit peu quand tu m'as connu hahahah