Au pays des volcans

Enfin ! Après presque un mois sans nouvelles, nous prenons enfin le temps de vous faire partager les émotions de ces dernières semaines. Et cela nous manquait ! Mais voilà pratiquement un mois que nous pédalons sans relâche pour tenter d'être à l'heure à San José, capitale du Costa Rica, pour l'arrivée des parents Sanso en vacances. Maintenant que nous sommes proche du Costa Rica, et sûrs d'êtres à l'heure, nous nous offrons une petite pause à Granada, sur les bords du lac Nicaragua au... Nicaragua vous l'aurez sûrement deviné ! Depuis notre dernier "départ", le 3 mars, une étape difficile a été bouclée, et pour de nombreuses raisons : beaucoup

de kilomètres avalés (près de 1200), très peu de jours de repos, une augmentation considérable de la température, et un accueil mitigé au Honduras et El Salvador. Cette étape méritait donc deux volets, et voici le premier, sur notre traversée du Guatemala.

Nous avons quitté San Cristobal de las Casas, au Mexique, le samedi 3 mars (jour de l'anniversaire de Marie). Il nous a fallu deux bonnes journées pour rallier la frontière avec le Guatemala. Notre dernière nuit au Mexique s'est passée à merveille, comme toutes nos nuits mexicaines : nous avons été accueillis dans une famille adorable, qui a mis un point d'honneur à nous offrir un toit et le couvert. Seul petit hic : la grosse blatte noire que Marie a dû chasser de la tête d'Olivier en plein milieu de la nuit ! Le passage de la frontière s'est fait en toute simplicité, avec quand même une tentative de racket de la part de l'officier côté mexicain. Mais bon, en gardant le sourire et en restant ferme, Marie a réussi a évité de payer un bakchiche. Conseil aux voyageurs : aux passages de frontière, sachez à l'avance ce que le douanier est en droit de vous demander pour ne pas vous faire rouler dans la farine, et en toutes circonstances, gardez votre calme et votre sourire !

En passant la frontière, nous avons littéralement changé d'ambiance sur le plan des relations avec la population. Comme ce que nous avions déjà entrevu au Mexique, les régions montagneuses de l'ouest du Guatemala sont des zones indigènes marquées : language, physionomie des personnes, culture, mode de vie... Les étoffes, en particulier, ont été à nos yeux un symbole fort de cette unité et en même temps de cette grande diversité culturelle. Les indigènes les tissent eux-mêmes et dans chaque village traversé, nous pouvions observer les femmes en plein travail. Tous utilisent ces tissus pour de nombruex usages dans la vie de tous les jours : chapeaux, porte-bébé, sac à provision, vêtements, etc. Mais ce qui était super à remarquer, c'est que chaque vallée, chaque village possède ses couleurs et motifs propres. Un vrai régal pour les yeux !

Il nous a fallu apprendre à connaître leur mode de fonctionnement, car au contraire de la plupart des mexicains qui sont plutôt extravertis, ces peuples sont extrêmement réservés et discrets. Comme nous passons le plus clair de notre temps dans les cambrousses éloignées des zones dites touristiques, nous rencontrons souvent des personnes qui sont peu confrontées aux touristes ; et qui souvent n'ont pas eu la chance d'aller à l'école. D'où certains amalgames que nous avons encore un peu de mal à accepter, comme ce nom de "gringo" dont certains nous affublent. Ici, le gringo c'est le touriste nord-américain, et c'est plutôt peu flatteur. Ça signifie un peu "celui qui manque de respect". Et il suffit malheureusement d'être blanc pour être "gringo" : c'est un peu frustrant lorsque l'on prétend voyager d'une façon un peu "différente".

Mais une fois ces quelques petites difficultés passées, nous avons rencontré beaucoup de personnes adorables et nous avons adoré le Guatemala ! Les paysages, notamment ceux des montagnes à l'Ouest, sont absolument incroyables ! Nos premières journées ont été spécialement éprouvantes : nous sommes passés d'une altitude de 400 mètres à la frontière à 3000 mètres en 2 petites journées. Pendant toute une journée, nous avons suivi un canyon qui n'en finissait pas, et le lendemain, c'était 67 kilomètres de pure montée qui nous attendaient. Nous sommes donc arrivés crevés chez Carl, un contact WarmShower chez qui nous avons été accueillis pendant deux nuits, dans la ville de Cuatro Caminos.

Nous avons ensuite filé en direction du lac d'Atitlan. Nous avons réussi à nous faire accueillir pour la première fois dans une famille indigène, ce qui nous a valu une expérience un peu gênante mais plutôt amusante. A partir du moment où nous sommes arrivés dans cette famille, nous avons eu en permanence un public d'enfants et d'adultes pour observer nos moindres faits et gestes. Pour la nuit, nous avons eu le droit de partager la pièce familiale, dans laquelle quatre personnes se partagaient le même lit. Le point d'orgue a été atteint au moment du coucher lorsque nous avons sorti nos affaires de nuit (matelas mousse et duvet), ce qui au moins a eu le mérite de provoquer de nombreux rires ! Il n'est pas évidement de se mettre en pyjama en se tortillant dans son duvet quand six paires d'yeux vous regardent. Mais la glace a été suffisament brisée (merci aux ballons de baudruche) puisque nous avons enfin pû prendre quelques photos (ce qui jusque là avait été impossible).

Nous sommes enfin arrivés ensuite au lac d'Atitlan, le plus profond d'Amérique centrale, niché au creux des montagnes. Un vrai petit bijou ! Nous nous sommes installés pour deux jours dans un petit camping au bord du lac, avec piscine et vue sur les volcans, car nous avions rendez-vous avec les Mistrals (avec qui nous avions passé Noël et le premier de l'an). Là, nous en avons profité à fond, fêté nos anniversaires, bu du rhum dans des noix de coco, passé du bon temps avec des amis, fait un tour en bateau. Bref, la paradis !

Pour nos anniversaires, nous avons d'ailleurs eu droit à des cadeaux typiquement mexicains : des piñatas ! Il s'agit d'une grosse poupée creuse en papier mâché, garnie de petits cadeaux. On accroche la piñata, on arme celui dont c'est l'anniversaire d'un bâton, on lui bande les yeux, on le fait tourner sur lui-même. Le but du jeu est ensuite de casser la piñata jusqu'à pouvoir en sortir les cadeaux. Nous avions chacun la nôtre, garnie de petits ballons et de... chocolat ! On a bien rigolé en tout cas, merci beaucoup les Mistrals !

Nous ne le savions pas encore, mais notre départ de Atitlan a marqué le début d'une longue période de grosse chaleur. En quittant le lac, nous sommes de suite descendus des montagnes en allant au plus court vers la côte. Mais en perdant de l'altitude, nous avons gagné beaucoup (trop ?) de degrés. La descente a tout de même été magnifique car nous avons roulé à travers une vaste zone de culture de café. Mais une fois la plaine côtière atteinte, ça a été la fin de la tranquilité : à la fraîcheur a succédé la chaleur, des petites routes de montagnes, nous sommes passés aux grosses routes très fréquentées (surtout par les camions) et les petits villages traditionnels ont laissé place aux grosses villes bruyantes, sales et polluées. Bon, autant vous dire que ça fait un choc ! Nous n'avons donc pas traîné et avons atteint la frontière avec le Salvador quelques jours plus tard.

Mais nous avons vraiment beaucoup apprécié le Guatemala, surtout dans sa partie montagneuse, qui offre des paysages volcaniques magnifiques, et bien plus encore comme ses forêts tropicales du Nord et ses sites archéologiques que nous n'avons malheureusement pas eu le temos de voir. La culture indigène, vraiment ancrée et vivante, contraste tellement avec celle de la côté, qui est beaucoup plus pauvre et américanisée; on sent que ce peuple, pourtant très pauvre, est fier et préserve avec soin sa culture. On vous conseille vraiment ce pays, à pied, à cheval, en trotinette ou bien sûr à vélo (par contre soyez prêts à faire quelques grimpettes...).

Sur ce, on vous laisse. La suite de l'étape arrive d'ici une petite semaine. D'ici là, patience... A très bientôt !