Vous reprendrez bien un peu de Lego ?
Dans la courte liste des choses que nous avions vraiment prévu de faire durant ce voyage, la Carretera Austral occupait une place de choix. Nous en avions déjà entendu parler de maintes fois, avant et pendant le voyage, par des cyclos ou des voyageurs sacs au dos. Cette bonne réputation nous avait été largement confirmée par les cyclos venant du Sud dont nous avions croisé la route ces dernier mois. La seule appréhension que nous avions était pour la météo, généralement peu clémente à l'égard des cyclistes (vent, pluie). Rendus à Puerto Montt, nous étions donc excités et impatients d'enfin y être pour y rouler à notre tour. Eh bien, autant vous dire que nous n'avons pas été déçus !!! La puissante beauté et la magie de la route nous ont emmené bien au-delà de ce que nous en attendions. C'est simple, ces dernières semaines ont été tout simplement magiques ! Mais commençons par le commencement...
La Carretera Austral déroule ses 1247 kilomètres de Puerto Montt jusqu'à la bourgade de Villa O'Higgins. Pour différentes raisons, nous décidons de ne pas la parcourir dans sa totalité, mais de commencer directement à Chaiten. Un bateau peut nous y emmener directement depuis Puerto Montt, mais il va nous falloir attendre deux jours car le ferry ne part pas tous les jours. Zut... On a quelques jours pour prendre notre temps ! Nous allons donc manger du saumon au marché artisanal juste en bas de "chez nous", faisons deux ou trois emplettes souvenirs (eh hop ! quelques kilos en plus dans le camping-car des Charles), et faisons le ré-approvisionnement des stocks. On s'offre même un ciné !!! Chose que nous n'avions pas faite depuis Los Angeles, c'est-à-dire novembre 2011. Toujours en compagnie de nos deux Legos préférés, évidemment, car nous continuons finalement ensemble la route. La chance a voulu que les Charles croisent encore notre route : nous nous retrouvons donc tous une dernière fois réunis en terre américaine. la prochaine fois, ce sera en Europe ! Puerto Montt, une chouette petite pause !
Le vendredi 11 janvier, vers 23h30, nous embarquons à bord du ferry ! Cinq autres cyclistes nous accompagnent. Nous étions enthousiastes à l'idée de ce trajet, mais malheureusement une bonne partie se fait de nuit (ne nous demandez pas pourquoi...) et ne permet pas de profiter à fond des beaux paysages qui défilent. Ce n'est pas grave, on en profite pour grapiller quelques heures de sommeil, et au matin, nous découvrons les premiers kilomètres de côte sous un grand ciel bleu et un soleil radieux. Tout cela est de bonne augure !
Débarqués en milieu de journée à Chaiten, nous n'y restons que quelques minutes. Il s'agit plus d'une ville fantôme en fait, car en mai 2008, l'éruption du volcan éponyme a provoqué des coulées de boue qui ont engloutis une partie de la ville. Quelques personnes sont revenues y vivre mais l'ambiance y est plutôt morose... Nous enfourchons enfin nos fidèles montures pour nos premiers tours de roues sur la Carretera Austral : Houhou ! Bon, les premiers kilomètres ne sont pas du tout, mais alors PAS DU TOUT représentatif de l'état général de cette route. Un bel asphalte lisse et régulier, une pente en faux plat montant très doux. Attention futur cycliste ! Profites-en bien, ça ne va pas durer !
D'ailleurs, dès le deuxième jour, nous retrouvons (avec plaisir ?), le ripio, bien mauvais dès le début, histoire d'être tout de suite mis dans le bain... Mais la route est magnifique, et un peu à notre grande surprise quand même, la météo est vraiment au beau fixe. Nous qui nous attendions à grelotter sous la pluie, nous avons même trop chaud ! Enfin, qui oserait s'en plaindre ? C'est vraiment le début des vacances, d'une parenthèse enchantée dans le voyage, déjà suffisamment incroyable lui-même... Avec les Lego, nous faisons le choix de ne pas trop courir, mais plutôt de profiter au maximum de ce laps de temps qui nous est imparti. Nous roulons bien, mais faisons des journées relativement courtes. Nous ne sommes pas obligés de courir le matin, et le soir, nous nous offrons des petits bivouacs sauvages inoubliables. Un bon feu pour faire cuire le pain, un torrent pour se laver le soir, des pâtes à la tomate pour se remplir l'estomac, des amis pour papoter de tout et de rien : c'est ça la vie, il ne faut pas aller chercher plus compliqué...
C'est au beau milieu de toute cette harmonie que Eddy, fidèle vélo de Johann, décide de flancher ! Un vilain caillou, un bon choc, et PAF ! La soudure qui tenait déjà l'ancien point de rupture lâche. Le moral de l'équipe en prend un coup. Mais on s'en fiche, on est quatre, rien ne pourra nous arrêter !!! Nous trouvons une camionnette, nous embarquons tout le matos, et décidons de rester tous ensemble pour trouver un soudeur alu. Il nous faut en fait aller jusqu'à Coyhaique, 250 kilomètres plus au Sud, nous zappons donc un bout de route. Mais tant pis, le problème est réglé, le moral des Lego est au top. La fine équipe reprend la route !
Nous montons tranquillement jusqu'au "plus haut col" de la Carretera, à 1200 mètres d'altitude. Cela nous paraît bien peu en comparaison avec les altitudes atteintes ces derniers mois ! La route continue de serpenter entre les montagnes. Tous les jours, de nouveaux glaciers se dévoilent sous nos yeux ébahis. Plutôt que de suivre la route classique, nous optons pour un petit détour : nous prenons le bateau de Puerto Ibañez à Chile Chico, histoire de traverser le deuxième plus grand lac d'Amérique du Sud, le lac General Carrera (lac Buenos Aires du côte chilien).
Car, comme on n'est pas des malins, on s'était dit : Chouette ! On n'a qu'à prendre la petite route au bord du lac, ça va être tellement champêtre !". Eh bien : PER-DU ! On s'engage en fait dans un espèce de grand huit interminable, avec des pentes à près de 20%, agrémentés (encore) d'un ripio bien sympa. On a pris très cher !! Par contre, nous avons été largement récompensés par le paysage. Mais est-ce encore utile de le préciser ??
Au bout du lac, nous longeons l'impétueux Rio Baker, fleuve au plus gros débit du Chili. Vraiment impressionnant, il est mondialement connu dans le monde des sports d'eaux vives. On comprend vite pourquoi. Une dernière journée très très ardue, avec des pentes à défier la pesanteur, et nous voilà enfin à Cochrane où nous prenons notre première journée de repos depuis le début de la Carretera Austral. Pfiou ! Quel parcours ! Mais ce n'est pas fini : il nous reste encore 230 kilomètres pour atteindre Villa O'Higgins...
En revanche, ce sera pour un autre article... Gna gna gna ! Tout ce qu'on peux vous dire, c'est que c'était beau, que c'était grand, que ça nous a mis des frissons sur la peau des bras tellement on était émus, et même que ça nous a fait pleurer de bonheur. Et qu'on poste tout bientôt un article pour vous montrer tout ça !
En direct de El Calafate, Argentine. À vous les studios !
Commentaires (6)
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Josiane Havard
après avoir "zappé" un peu la lecture de vos commentaires je je viens de voir le dernier.... et ben quelle beauté cette nature, incroyablement sublime!! êtes-vous sûrs de vouloir rentrer en France???? en attendant continuer à à pédaler tout en admirant ces magnifiques paysages vous pourrez ainsi écrire vos mémoires d'ici quelques décennies pour vos enfants et petits enfants!!! ils diront "sacré papy et mamie" ils étaient solides quand même!!! bises Josiane
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Rémi et Jenn
Youhou !!
On a hâte d'avoir le prochain article car c'est la suite qui nous intéresse, vu qu'on l'a pas faite !!! EN tout cas, apparemment, la carretera australe n'est pas l'amie des soudures ! Merci pour votre dernière photo, on a essayé de faire du manjar mais nous n'égalerons jamais la qualité du "campo"...
On vous envoie des grosses bises de Calédonie les amis ! Profitez à fond !!
Rémi et Jenn. -
nanou
encore une fois de plus, quoi dire devant ces paysages....alicia est avec moi pour regarder les photos et vous fait de gros bisous.
petite réflexion de lili devant la photo d'olivier lavant la vaisselle dans la rivière:"moi aussi quand je vais à la plage je lave mes jeux dans l'eau". -
clairette
franchement je fais les memes siestes à lille, les taons en moins !!! La neige qu'on peut voir sur les montagnes bah j'avais la meme ce matin dans les rues de lille !!! et pour la vaisselle, si ça peut rassurer olivier on peut aussi la faire en france avec l'eau courante !!
profitez bien les loulous
gros bisous -
CHARLES
On voudrait la suite car nous non plus, comme Rémi et Jenn, nous n'avons pas fait la fin de la Carretera..
On pense à vous à chaque morceau de saucisson!!!
A très bientôt les amis et...profitez!
les Charles -
BRUGEL
Laissez-nous vous dire notre admiration : exploit sportif, paysages à couper le souffle, rencontres sans compter, récit d'une grande qualité de texte... j'attendais depuis le 11/01 la suite. Et la voilà. Vivement que vous nous racontiez en direct. Nous vous embrassons. Odile et Michel