Entre Équateur et Pérou
Voila ! L'Équateur, c'est déjà fini ! Un mois pile, jour pour jour, passé dans ce joli et montagneux pays. S'il y a bien une chose que nous en retiendrons, observation faite par tous les cyclotouristes rencontrés, c'est que les ingénieurs des Ponts et Chaussées d'Équateur ne sont jamais montés sur un vélo de leur vie ! D'où des routes vertigineuses aux pentes démentielles, vraiment pas évidentes à grimper en vélo, avec notamment le dernier tronçon de route entre Cuenca et Vilcabamba.
Après avoir eu bien du mal à partir de notre dernière grosse pause, nous avons finalement pris la route le dimanche 22 juillet en direction du Sud. Rapidement, nous avons regretté ces longs jours d'inactivité physique, les muscles se réveillant doucement face à une pente augmentant en déclivité.
Nous avons été un peu secoués lorsque, dans les premiers kilomètres de montée, nous avons pour la première fois frôlé l'accident (beau score en plus de dix mois). Un abruti en voiture, arrivant d'en face à pleine vitesse, a voulu éviter une autre voiture cherchant à s'insérer sur la route. Allant beaucoup trop vite, l'andouille a pilé et s'est complètement déporté sur notre voie. Nous, pauvres petits cyclistes, n'avons pas eu le temps de faire grand chose si ce n'est de piler à notre tour et de regarder quelle tournure allait prendre les événements : les secondes paraissent curieusement bien longues... Heureusement, le type est allé s'encastrer dans le bas-côté, 15 mètres devant nous, mais arrachant l'intégralité de ses pneus en passant. Bien fait !
Le premier soir, nous avons sorti la tente qui n'avait pas vu le jour depuis début avril !! Nous avons demandé l'hospitalité aux propriétaires d'un petit commerce, qui nous ont permis de camper dans leur jardin et d'utiliser sanitaires et douches. Nous avons passé une partie de la soirée avec leurs enfants, très curieux de tout notre matériel. Olivier a du faire au moins 5 ou 6 chien-chiens en ballon de baudruche : ils étaient ravis ! La deuxième journée a été spécialement éprouvante du fait du dénivelé avalé, mais nous a permis de nous arrêter le soir dans le village de Saraguro. Dans ce petit village calé dans les montagnes, la plupart des habitants portent l'habit traditionnel assez remarquable : l'inévitable petit chapeau melon noir, les cheveux longs (femmes ET hommes) coiffés en une ou deux tresses, et l'ensemble noir. Pour les hommes, un bermuda long et chemise. Pour les femmes, jupe noire, chemise colorée et couverture noire sur les épaules. Rajoutez à ça de jolies parures de bijoux dorés : l'ensemble est vraiment chic ! Enfin, après une autre journée d'effort, nous sommes arrivés à Loja. Plus de 6 000 mètres de dénivelé positif en 3 jours, record personnel battu ! Mais pédaler dans de tels paysages grandioses, ça se mérite !
Loja ne s'est pas révélée être une ville extraordinaire. Très vivante, mais rien de bien intéressant à y faire. Nous avons donc arpenté ses rues une petite journée, puis avons repris la route pour Vilcabamba, dernière étape de notre aventure équatorienne.
Et là, encore une fois, nous avons scotché... Vilcabamba est un étrange petit village, assez loin de tout finalement. Selon les dires de l'office de tourisme, il s'agit de la capitale mondiale de recherche en gériatrie. Wouhou ! Tout un programme, dites moi ! Pourquoi ? Parce que soit disant, ce serait un des endroits du monde où l'on vit le plus vieux et le mieux. Mouiiii... On invente ce que l'on peux pour attirer le touriste désœuvré. En plus de la population locale, on y trouve toute une communauté d'américains, vivant là pour de plus ou moins longues périodes. Tout ça est très très hollistique : nous n'avons pas encore bien réussi à déterminer ce que cela signifie, mais en tout cas ça fume beaucoup, et pas que du tabac ! Le tableau d'ensemble donne un petit village tranquille, peuplé d'équatoriens modestes et de "gringos" tous plus ou moins défoncés. Ces derniers semblent se mélanger assez peu au reste de la populasse.
Nous avons eu de la chance car nous sommes arrivés en pleine fêtes patronales : la fiesta del Sagrado Corazon de Jesus. Au programme pendant trois jours : concert, bals, jeux populaires, et toutes sortes d'animations. Et, en plus, nous nous sommes trouvés un petit hôtel abordable et paradisiaque, pour nous qui sommes abonnés aux petits hostals miteux : chambre très agréable, petite terrasse, jardin tropicale bien vert, calme (très très rare cette denrée), eau chaude assurée (!!) et petit déjeuner avec pain français maison (le meilleur depuis... trop longtemps) (Hostal Le Rendez-Vous, très bonne adresse, tenue par un français, soyons chauvins). Autant vous dire que tout ça réunit, ça ne nous a pas vraiment aidé à rester seulement la journée prévue ! Nous avons donc bien profité des lieux, nous reposant dans le hamac et allant assister aux festivités le soir. C'était génial ! Du pur bonheur et de la zénitude !
Mais ce qui fait tout le charme du voyage, c'est qu'aussi agréable soit l'endroit, on sait que tout n'est que provisoire. Mine de rien, le temps passe, et bien plus vite qu'on ne le voudrait, et hop ! Il semble qu'à peine arriver, il faille déjà repartir. C'est la vie du nomade, c'est contraignant, mais nous ne nous sommes jamais sentis aussi libres. Après tout ce "retard" accumulé, il a fallu repartir vers le Sud, toujours. Dès la sortie du village, l'asphalte devenait piste, et d'après le témoignage de quelques comparses partis en éclaireurs, la route était assez mauvaise et boueuse sur une bonne partie. Certains ont même eu de la casse sérieuse à cause de la boue qui se coinçait partout. Nous n'avions ni la motivation ni l'envie de nous mettre là-dedans, et avons choisi l'option transport en commun. En 6 heures de bus (pour 120 km de trajet quand même, on vous laisse faire la moyenne pour la vitesse), puis une heure et demi de pick-up, nous étions déjà à la frontière Équateur-Pérou. Entrée sans encombre au Pérou, tout va bien, le petit tampon est apposé sur les passeports !
Mais cette frontière est vraiment perdue au milieu de nulle part, cachée entre les montagnes. Alors, pour aller jusqu'à San Ignacio, notre destination prévue, il n'y avait pas grand chose pour nous transporter. Seulement un petit triporteur ("Mais si ! Je vous assure vos deux vélos et votre quintal de bagages, ça rentre sur mon triporteur !") ou un pick-up. A donc suivi une négociation mémorable. Il faut expliquer que nous étions en compagnie d'un américain et d'une australienne ayant passé la frontière avec nous. Nous voulions prendre le pick-up ensemble pour partager les frais. Nous commençons à demander le prix au chauffeur, et discutons pour qu'il le baisse un peu. Le type est d'accord, mais pour faire son beurre, il nous a dit qu'il va prendre d'autre personnes. Soit 6 personnes dans le pick-up, plus trois à l'arrière dans la benne (nous, pour qu'on paye moins cher), avec les deux vélos et tous les bagages. On vous laisse imaginer le chargement... Mais l'australienne n'est pas d'accord. C'est une fille sympa, mais qui prend un peu tout le monde de haut, et qui nous sort sérieusement des phrases du type "Non, mais moi, j'ai été trois semaines en Amazonie, alors les moustiques, ça me connaît !". Et surtout, surtout, chose que nous trouvons comble de l'irrespect, elle ne cherche pas à parler le moindre mot d'espagnol. Déjà énervée, elle parle un anglais parfait au pauvre chauffeur qui ne comprend pas un mot de ce qu'elle dit. Déjà qu'il nous prenait pour des gringos, ça y est, la caricature est complète ! Bref, la situation s'enlise, elle change cent fois d'avis : "Bon, allez je monte, mais je ne suis pas contente", puis "Oh puis, non ! Je dégage, je ne veux pas me faire avoir, et puis je ne veux pas être assise à côté du bébé, il va me vomir dessus (véridique, sic)". Mais c'est le jeu ! Forcément que le type essaye de t'avoir, as-tu vu comment tu te comportes en petite blanche capricieuse ?! Bref, un grand moment !
Après cet ultime trajet en pick-up (que nous avons payé un tiers moins cher que l'enquiquineuse australienne), nous avons enfin atteint San Ignacio, première ville conséquente sur la route. Encore une fois, nous avons eu de la chance car nous avons de nouveau débarqué en plein milieu de fêtes patronales, en l'honneur cette fois de San Ignacio. Nos premières impressions du Pérou ont donc été assez extrêmes car une fête ici, ça brasse du monde, ça fait du bruit et de l'animation. Dès le soir de notre arrivée, nous avons assisté à la fête : un cours en accéléré sur la culture festive latine. Du bruit, des danses traditionnelles, des chanteurs qui sont capables de chanter des chansons d'amour alors qu'on pourrait croire qu'on est en train de les écorcher vivants, des mariachis et un orchestre qui jouent en même temps MAIS pas la même chose, un gros type pas drôle qui raconte des blagues avec derrière lui des miss de beauté qui s'ennuient à cent sous de l'heure, et enfin un feux d'artifice vraiment fou tiré DE la foule et SUR la foule. On avait jamais vu ça, on n'aurait jamais imaginé quelque chose comme ça en France. Ce soir là, nous avions retrouvé d'autres cyclos américains, nous nous sommes bien marrés !
Le lendemain, nous avons pu profiter de la ville et commencer à découvrir ce nouveau pays où nous allons passer un mois et demi au bas mot. L'ambiance est différente, les gens paraissent un peu moins cordiaux qu'en Équateur ou en Colombie, où l'amabilité était sur la plupart des visages. Ici, peut-être parce que San Ignacio n'est pas touristique, nous nous sentons plus regardés en tant que "étrangers plein d'argent". La pauvreté est plus palpable, c'est peut-être à cause de cela que nous avons connu notre première petite mésaventure. Marie s'est fait volé sa veste Softshell Vaude. C'est dommage, car elle était vraiment bien et nous en aurions eu besoin les prochaines semaines. Bon, ce n'est que matériel, mais nous serons encore plus vigilant par la suite. Du coup, pas de budget ni pour en acheter une neuve ni pour la faire livrer au Pérou, Marie s'est donc acheté une nouvelle veste, très... couleur locale. Nous verrons pour la suite, mais nous sommes sûrs que ce n'était qu'un coup de pas de chance.
Nous repartons demain, en direction des ruines de Kuelap, plus au Sud. La route s'annonce belle ! Nous avons hâte de remonter en selle. A bientôt pour de nouvelles aventures !
En direct de San Ignacio, Pérou. À vous les studios !
Commentaires (6)
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ZANC
Je suis un peu déçue… je pensais voir Marie avec sa nouvelle veste. Comme d'hab, c'est un régal de vous lire avant de commencer la journée au bureau. Profitez pleinement de votre passage en … “Péruvie“ !.Bisous.
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Maylahny
On dirait que depuis votre frayeur sur la route, vos casques sont de nouveaux sur vos têtes... Bonne route !
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Monique Berthomé-Bel
WAOUH !!! Comme d'ab on est bluffés!
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Christèle
Bonne route pour la suite ! Et nous comptons sur les photos de Marie avec a nouvelle veste !!! Profitez bien et à très bientôt pour de nouvelles aventures
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clairette
waouuuuuuu les beaux t-shirts neufs !!!! faites attention quand meme ça fait du poids en plus à transporter...à moins que le "beau" t-shirt bleu d'olivier ne soit parti à la poubelle... hi
gros bisous et bonne route -
Aude
Merci pour cette jolie description de costume traditionnel des montagnes!!! Et forcément, professionnellement, très deçue aussi de ne pas voir cette nouvelle veste... alors merci aussi pour le suspense!
Bises